Nous vous relayons cet article intéressant publié dans la lettre hebdomadaire de « Zevillage« .
« Le 10e Baromètre Paris Workplace/Ifop a posé cette question à 1 300 salariés franciliens. Ceux-ci apportent des réponses saisissantes. Après les années Covid, ils anticipent… une accélération des changements en cours, principalement sur trois sujets :
- Accélération technologique : L’émergence de l’intelligence artificielle est vue comme ayant un impact profond sur la productivité et la surveillance des télétravailleurs. Les salariés du panel sont 55 % à juger probable que d’ici dix ans, “ l’intelligence artificielle génèrera tous les documents, afin qu’on n’ait plus qu’à les corriger”, 41 % des salariés parient qu’ils “n’utiliseront plus de clavier, et commanderont tout à la voix”; et enfin 44% pronostiquent que “dans certaines réunions, les participants apparaîtront en hologramme” (62 % chez les moins de 25 ans !).
Les salariés interrogés estiment cependant que la technologie facilitera un contrôle managérial accru. Ils sont ainsi 36 % à penser “qu’en télétravail, la caméra devra être allumée en permanence” ; une crainte plus présente encore chez les salariés aux revenus modestes (52 %, soit 18 points de plus que les plus hauts revenus).
Le développement de l’IA pourrait aussi avoir des effets négatifs. Les salariés jugent probable à 42% (53% chez les moins de 25 ans) que l’IA aura remplacé la majorité des emplois de bureau dans 10 ans.
- Bureau sur-mesure : Oubliez l’opposition simpliste bureau contre télétravail. Les salariés interrogés manifestent une forte aspiration à plus de liberté individuelle avec un équilibre moyen entre travail en présentiel et à distance. Le travail c’est “où je veux, quand je veux, comme je veux” selon les besoins. Depuis le temps qu’on vous le dit. ????
La demande de télétravail se stabilise à 2 ou 3 jours par semaine. La possibilité de télétravailler est devenue un critère de choix pour leur prochain poste de 79% des salariés interrogés. À condition qu’ils restent libres (60% des réponses) d’en choisir les modalités.
Cet équilibre bureau-télétravail facilitera l’installation des travailleurs franciliens en province pour les personnes interrogées. Dans 10 ans, habiter en province et travailler à Paris 2 ou 3 jours par semaine deviendra une norme pour 57% des répondants.
Le bureau devra être accessible en permanence, 24h sur 24, 7 jours sur 7 pour 39 % des salariés. Il sera aussi multi-usage : les bureaux intègreront des services médicaux (salles de consultation, rééducation) pour 44% des répondants, mais aussi des services de bien-être (coiffeur, soins, massages), pour 40%, et même des espaces pour accueillir des animaux de compagnies, pour 31% !
La flexibilité et la demande de liberté impactent aussi l’organisation de la journée de travail. Il souhaitent pouvoir suspendre la journée au bureau pour des activités personnelles. Une pratique déjà établie en 2023 : 62% des salariés interrogés admettent s’absenter ponctuellement pour “faire une course”, 53 % pour “aller à un rendez-vous médical”» et même 30 % pour “faire un aller-retour à domicile”.
Pour cette raison, la localisation du bureau dans un quartier mixte logements-bureaux est préférée au bureau installé dans un quartier d’affaires (80% des réponses !).
- Impact réel de la transition écologique : Les enjeux climatiques deviennent des facteurs concrets dans la manière de travailler.
Les petits gestes éco-responsables sont en progression depuis trois ans : 74% des salariés jugent que leurs entreprises les encouragent à “limiter leur consommation d’énergie”, à favoriser les mobilités douces (déplacement en vélo ou trottinette) ou encore à trier les déchets.
Mais les salariés n’hésitent pas à imaginer aussi des évolutions radicales : 45% des salariés (53% pour les plus hauts revenus) estiment probables que dans 10 ans, “les déplacements professionnels en avion seront interdits ou fortement limités”. Ils sont même 62% à le souhaiter.
Les évolutions liées aux politiques environnementales sont perçues de manière parfois surprenantes. Par exemple : il n’y aura plus d’eau chaude dans les sanitaires au bureau (à 40%), la viande sera interdite dans la restauration collective (à 28%) et il n’y aura plus de climatisation dans les bureaux (à 21%).
Ces opinions peuvent être plus positives: la lumière et le chauffage seront adaptés automatiquement en fonction de l’occupation du bâtiment (69%) et les façades des bureaux seront systématiquement végétalisées (39%).
On voit les limites de l’exercice. Le donneur d’ordre de ce baromètre est la Société foncière lyonnaise dont la majorité du patrimoine est situé au centre de Paris. C’est peut-être difficile pour elle de changer de modèle mental pour concevoir un monde du travail dans lequel la place du bureau est une peau de chagrin.
Le baromètre repose sur des perceptions, des ressentis, des réactions forcément très liés au bruit médiatique.
Mais cette photo des opinions d’un panel de salariés franciliens est un bon support prospectif ».
Au moment où le nouveau gouvernement associe dans le même ministère travail et santé, on ne peut qu’encourager responsabilité et indépendance dans sa pratique quotidienne du télétravail!