Chaque projet de Brie’Nov a sa propre vie, même s’ils sont tous tendus par l’identique volonté de construire un dispositif territorial social collaboratif et innovant, avec une connotation numérique la plupart du temps. Certains durent un temps, tel « Plus belle la Brie » qui est à l’origine néanmoins d’un nouveau projet ambitieux. Certains se mettent en sommeil à défaut de porteur de projet mais peuvent ré-émerger en tant que tel ou sous d’autres formes. D’autres restent dans les cartons fautes de financement. D’autres encore se manifestent quelques mois comme « Expo 12 », puis renaissent sous une autre forme mais dans le même esprit comme aujourd’hui « Mur de Brie ».
Deux dispositifs, nés depuis plusieurs années déjà, semblent au premier abord très différents et pourtant s’appuient l’un et l’autre sur un concept, qui grâce à eux devient réalités, un des concepts centraux de Brie’Nov qu’est la notion de « Relais des possibles ».
Le second concept étant le développement territorial démocratique dans la société en réseau.
Le relais des possibles est un projet global d’aménagement territorial s’appuyant sur la combinaison d’une offre d’un large spectre de services, de pratiques de sociabilité locale (convivialité, co-working, etc.), d’un aménagement numérique permettant de développer des usages innovants. Il se veut la synthèse entre des problématiques anciennes et des solutions modernes qui considèrent les territoires ruraux comme les autres territoires. Un Relais des possibles se matérialise par un lieu, le plus ouvert possible et se décline aussi en usages numériques. Chaque relais des possibles procède de la même philosophie de développement participatif du territoire mais peut avoir une spécialité telle que le télétravail, la téléformation, le tourisme, la santé, l’éducation, l’expérimentation de nouveaux services privés, publics ou libres et collaboratifs, etc. Le Réseau des possibles appartient par essence à un réseau.
Nomade Office crée un réseau de ces Relais des possibles, avec le premier établissement à Trilport. D’autres sont en voie création. Tous avec un accent fort sur l’économie et le travail.
Doue XXII, à sa petite échelle, marque la présence territoriale de Brie’Nov dans un petit village qui rayonne sur ses environs, petit village dont la mairie et certains de ses habitants se sont associés à notre Living Lab pour construire une nouvelle convivialité par le déploiement d’actions très locales.
Quelques habitants, pas assez encore, développent des actions modestes, peu coûteuses, très autonomes qui participent à la vie du village et petit à petit attirent des voisins.
Un atelier de collecte vidéo et écrite de la mémoire des habitants a été entamé et va reprendre quand la première phase d’un projet de création d’une balade dans le village sera terminée, en ce printemps très probablement.
Ce projet de balade construit par des habitants de Doue de A à Z propose un parcours de 20 panneaux sur le petit patrimoine de Doue (la pierre meulière, les enduits, les caves, etc.) mais aussi la vie des habitants (les anciens commerces devant lesquels dorénavant certains auront l’image d’en temps, dont d’autres se remémoreront les personnalités, l’expérience de l’exode de 40 à travers les yeux et le cœur d’une petite fille qui avant de nous quitter nous a laissé ce témoignage, la voix si chaleureuse du maraîcher du village). Les panneaux sont composés de trois informations, premièrement une phrase en guise de titre de l’arrêt, deuxièmement un QRCode qui renvoie à des explications en ligne et troisièmement un dessin fait par les élèves d’une classe de l’école de Doue. Le QRCode a l’avantage de diffuser une connaissance plus approfondie que ce que l’on peut mettre sur un panneau, car il propose des images, photos, audios et vidéos. Mais surtout il propose une souplesse qui permet aux auteurs d’aller enrichir et améliorer leur travail sans être obliger de changer le contenu du panneau. Cette liberté permet des habitants de se lancer dans une recherche d’information et une construction de connaissance non figée, améliorable. La société de la connaissance passe par là aussi. Ainsi, une erreur n’est plus un drame marqué dans le marbre mais l’occasion d’approfondir une connaissance et de la diffuser. Le blog qui présente le contenu des panneaux devient aussi un lieu de références proposant les sources des informations et de discussion et débats. Les dessins des enfants représentent Doue tel qu’ils se l’imaginent dans 22 ans. L’apparition de ses dessins grâce à l’initiative d’une maîtresse très dynamique et imaginative fut une vraie aubaine pour nous. Leur exposition lors d’une de nos portes ouvertes nous a apporté de nombreux parents-habitants. Leur diffusion sur les panneaux et le blog est à la fois une sorte de remerciements de notre part et un hommage à la beauté de ces dessins. Il est prévu qu’ils soient aussi sur le blog avec les beaux textes qui les accompagnaient. Ce travail fut long, difficile parfois, entaché d’erreurs ; nous en sommes certains mais si révélateur de la vie du village et de la capacité des gens à se l’approprier. L’histoire de ce projet auquel en fin de compte plus de quarante personnes ont participé en comptant les enfants qui en sont de réels producteurs n’est pas terminée. On imagine déjà de nouveaux panneaux incluant les lavoirs et l’église et le monument aux morts et la petite ferme à gauche et le pont de pierre et nos quinze hameaux, et les superbes plans de nos lavoirs, et la faune et la flore, etc… Une institutrice réfléchit aussi à un autre parcours fait par les enfants…
Mais qui va utiliser ce parcours ? Au départ nous étions peu et avions pensé ce parcours comme objet de construction sociale, d’appropriation territoriale pour les participants et à destination des touristes. On s’est vite rendu compte que nous serions heureux que les touristes en profitent d’autant que le parcours est emprunté sur quelques centaines de mètres par un GR passant, mais qu’il avait beaucoup d’intérêt pour les nouveaux villageois (50 % de la population environ) en quête d’intégration mais aussi pour les plus anciens en quête de souvenirs. Ensuite instit et enfants s’en emparent. La balade à son avenir devant elle.
Toute cette dynamique a aussi été à l’origine d’une journée de cinéma sur des producteurs de lait du village et d’un hameau voisin ; puis de deux journées sur l’osier avec vidéo, fabrication sur place de paniers, exposition de photos du travail de ce dernier et d’objets. La village a accueilli beaucoup de curieux de tous les environs.
Animation socio-culturelle ? Oui bien sûr ! Mais prise en main par les habitants.
Loin des Relais des possibles ? Non pas du tout !
La mairie a mis gracieusement à disposition un petit local dans un pavillon où Doue XXII cohabite avec l’agence postale et la bibliothèque et très vite l’idée est venue de concevoir un Relais des possibles. A l’occasion du départ de la Poste, on peut imaginer créer un lieu unique de convivialité, de création, de services, de culture et de travail.
Une enseignante de l’U-PEM a eu écho de Doue XXII, 40 étudiants des masters MITIC et MIPI ont passé quelques heures sur place puis nous ont concocté un projet très astucieux qui peut être une base pour une réelle dynamique participative avec les habitants, dont les enfants de Doue, d’un Relais des possibles villageois qui combine les actions culturelles réalisées à Doue XXII avec des services nouveaux comme de la e-santé ou de la téléformation.