C’est officiel aujourd’hui. Après deux années passées à défendre un modèle et des convictions, sans moyens de fonctionnement, nous avons décidé d’arrêter l’expérimentation. Nous dirons plutôt, de l’interrompre !
On pourrait épiloguer longtemps sur les causes de cet arrêt. Elles nous incombent pour parties, elles soulignent, encore, un marché qui n’est pas mur, elle confirme que le modèle coopératif reste toujours difficile. Elle valide surtout, alors même que Nomade Office a exporté un modèle qui a retenu l’attention, que l’innovation sociale et d’usages, en France, n’est toujours pas considérée comme de l’innovation.
Nous avons pêché par manque de moyens pour notre fonctionnement. Les associés sont allés au bout de leurs ressources. Nous n’avions pas, en interne, suffisamment de compétences en développement commercial et l’essentiel de notre communication a reposé sur Internet et sur les réseaux sociaux. Sur Trilport, en particulier, plusieurs chantiers ont pris un retard dommageable pour nous, comme la réalisation de l’éco quartier l’Ancre de lune pour lequel nous aurions dû, notamment, accueillir les réunions de chantier. Enfin, probablement aveuglé par le mirage d’une proposition qui aurait dû accélérer notre développement, nous en avons oublié de consolider nos fondations. Le TGV était un tortillard, nous n’en dirons pas plus…
Le marché arrive, bientôt, comble de l’ironie, probablement en 2016. Toutefois, le télétravail contient toujours des préjugés et des obstacles qu’il faudra dépasser alors même que la mobilité, surtout en Ile de France, devient de plus en plus difficile. On regrettera aussi la frilosité de ceux qui peuvent donner le tempo, l’exemple, qui n’ont pas encore réalisé tous les avantages de ce type d’équipement. En effet, malgré l’encouragement au déploiement des tiers lieux, il n’y a pas eu de communication, d’invitation au télétravail ni même d’expérimentation en interne par ceux qui promeuvent les tiers lieux.
Le choix de porter ce projet sous forme coopérative, alors même que la loi Hamon devait encourager le développement de l’économie sociale et solidaire, a été fort et naturel pour nous. Il ne l’est pas encore pour l’environnement économique, que ce soit pour le financement, l’accompagnement, le risque, réduisant les possibles à quelques interlocuteurs. Nous ne le regrettons pourtant pas, il nous a permis d’expérimenter un fonctionnement original, raisonnable… humain, mobilisant le collectif autour d’un projet partagé.
Nous avons été sollicités de nombreuses fois, accueilli de nombreuses délégations, remporté des appels à projet soulignant le bien fondé de notre approche et de nos intuitions. Peut-être trop souvent sur une période aussi courte… En appuyant notre modèle économique sur une mixité d’usages, mais peut-on faire autrement en prenant le pari de s’implanter sur des territoires ruraux et périurbains, nous avons proposé le concept de Relais pour encourager le télétravail, le coworking et l’accès à ses services qui font cruellement défaut aux territoires enclavés. C’est sur ce parti pris innovant que nous avons attiré l’attention, au plus haut niveau même, mais dans un temps de réaction toujours trop éloigné des urgences de l’entreprise, de nos urgences. C’est d’autant plus cruel que nous pouvions désormais dessiner un prévisionnel plus intéressant, sur les 5 prochaines années. Peut-être n’avons-nous pas trouvé les bons interlocuteurs !
Brie’Nov, à l’origine du projet, est encore impliqué dans la réflexion et la prospective et que leRelais Italie, distingué dans le cadre de l’appel à projet « Réinventer Paris », permettra de poursuivre, sous une autre forme, l’expérimentation. Le projet Sonate, auquel nous participons, permettra d’expérimenter de nouveaux usages liés à l’inclusion et nous nous en ferons les ambassadeurs auprès de nos « anciens » collègues. Enfin, nous ne savons pas si le projet de « démonstrateur industriel » verra le jour. Il a toutefois convaincu sur la foi d’un écrit coproduit avec l’Arène et qui donne un sens innovant aux gares périurbaines. Il contient l’essentiel de nos convictions. Nous resterons en vigie sur ces sujets et poursuivrons notre revue de presse sur le site de Brie’Nov.
L’équipe rend les armes, déçue, mais n’en oublie pas de remercier tous ceux qui ont soutenu, accompagné, aidé au développement de notre projet, d’une manière ou d’une autre. Ils se reconnaîtront, forcément. Ce n’est donc qu’un au-revoir et nous encourageons plus précisément nos deux « collègues » seine et marnais, artisans eux aussi de ce beau sujet des tiers lieux, Jehol et Digital Village.