“Le coworking peut se définir comme une communauté de personnes et d’organisations qui partagent plus qu’un espace et des outils de travail : il s’y crée des échanges, des liens, des projets, des collaborations professionnelles.”[1]
Partant de cette définition que l’on partage à ceci près que le coworking est d’abord une méthode, les Maires ruraux de France (AMRF), en coopération avec le l’association Brie’nov tournée vers les innovation en zones rurales, proposent une contribution qui est d’abord une vision de ce que le coworking peut apporter à la ruralité et inversement. L’AMRF s’appuie d’ores et déjà sur des expérimentations concrètes soulignant qu’elle est bien dans l’esprit « coworking » en collaborant avec un living lab mais plus globalement avec des opérateurs privés (Relais d’entreprises) pour tester et éprouver des expérimentations concernant la ruralité. Sans compter les expériences informelles ou solitaires qui seraient sans doute utile de repérer.
Elle part du postulat que le déploiement du très haut débit et des usages numériques qu’il permet changera à termes le regard sur la ruralité et rendra possible des enjeux aussi fondamentaux que l’accessibilité, le développement global et le renforcement de la sociabilisation (même de la solidarité), si et seulement si les acteurs de la ruralité en sont conscients et agissent dans ce sens. Elle pose aussi que cela va changer la nature de la relation entre la ville et la campagne et dépasser celle, un peu exclusive, de l’usage des ressources (biens et humaines). Ainsi l’usage du coworking est générateur de non déplacement, source indéniable de bien être et d’une contribution positive à l’action sur la qualité de l’air. Ils’agit à la fois d’expériences permettant de limiter les effets négatifs du télétravail sur l’isolement (« éloigner le travailleur de son frigo ») et réduire les déplacements aux plus indispensables.
Elle est confortée par le constat que la ruralité appartient surtout à ceux qui y vivent, en vivent et finalement la modèle quotidiennement pour qu’elle rime avec bien vivre, modernité, hospitalité et attractivité (les Etats généreux de la ruralité vont dans ce sens).
Dans cet esprit, l’AMRF participe à plusieurs expérimentations, notamment dans l’esprit d’en encourager la duplication sur d’autres territoires. Elle est ainsi active dans la démarche Relais des Possibles qui est portée par le living lab Brie’Nov qu’elle a d’ailleurs rapproché du projet Relais d’entreprise porté par un entrepreneur privé. Il s’agit d’expérimenter, à partir de ces lieux disponibles dans tous les territoires ruraux (optimisation d’un patrimoine immobilier souvent sous-utilisé) et qui pourront être connectés au très haut débit, des solutions de développement, d’accessibilité et de co-vivre. La notion de Relais est forte et renvoie à accueil, impulseur, étape… Ce sont avant tout des lieux où se posent des entrepreneurs et porteurs de projet pour développer dans un espace favorable et construire autour d’eux des communautés propices à la réalisation de projet. Le Relais concentre ainsi les puissances d’un incubateur, d’une couveuse, d’une pépinière et d’un hôtel d’entreprise mais va bien au-delà en apportant une dimension service public… services aux publics.
Ce sont, ensuite, des lieux – parfois informels – où sont encouragées toutes les formes de collaboration, notamment celles qui rapprochent le public et le privé, afin d’en conforter les usages. Ainsi, l’AMRF participe à des projets d’accessibilité pour la santé (Revesdiab), pour l’université (Sonate), pour les services publics et la mobilité mais aussi qui encouragent la réduction des inégalités (inclusion sociale et numérique).
Ce sont des lieux combinant le local et le global, le glocal, où l’on peut de n’importe où, rester aux contacts de communautés virtuelles et réelles et participer plus largement à des projets « extra territoriaux ».
Les Relais des Possibles sont des lieux dédiés à l’innovation, le développement et au renforcement des solidarités tant humaines qu’avec le territoire. Ils remplacent en en combinant les différentes dimensions, le café d’antan, la maison des associations et créent des endroits où l’on a envie d’aller, plus ou moins régulièrement, pour faire, partager, prendre plus simplement le temps de la convivialité.
Les élus ruraux sont alors devant un défi majeur de pouvoir mobiliser les acteurs publics et privés pour qu’ils « osent le rural » comme un potentiel de développement profitable dans un premier temps aux territoires ruraux eux même et plus largement à l’équilibre entre le rural et l’urbain.
[1] Définition donnée par les organisateurs des « assises du coworking » que l’on peut contester d’ailleurs, le coworking étant davantage une méthode qu’une communauté.